31/01/2020

Mentir sur son CV : quels risques encourus pour une carrière ?

Vous venez de trouver une offre d’emploi qui correspond à vos attentes et à vos critères. Le problème, c’est que vous n’avez pas tout à fait le profil recherché… Vous êtes alors tenté d’ajouter quelques expériences professionnelles ou compétences techniques. Attention, vous prenez des risques importants en mentant sur votre CV. Voici les conseils de nos recruteurs.

Mentir sur son CV : quels sont les mensonges les plus courants ?

Soyons honnêtes, mentir sur son CV est une pratique courante qui concerne les candidats de tous âges et de tous les secteurs d’activité. Parmi les mensonges les plus courants, le changement de type de contrat de travail fait partie du top 5. En effet, un CDD de plusieurs mois est toujours plus valorisant qu’un stage de fin d’études.

Selon une étude du cabinet Robert Half réalisée en 2017 auprès de 300 DG et managers*, en règle générale, les candidats mentent sur leur expérience professionnelle (55%) et les diplômes qu’ils possèdent (53%). Pour mieux se vendre, ils reformulent leurs intitulés de poste, augmentent la durée des contrats, ou s’inventent de faux diplômes obtenus. Dans les deux cas, c’est une grave erreur puisqu’un recruteur peut mener son enquête et se rendre compte que le candidat a menti sur son CV.

Mentir sur son CV c’est prendre le risque de manquer un emploi

Vous avez envoyé votre CV pour postuler à une offre d'emploi qui vous intéresse et pour laquelle vous pensez avoir les compétences requises… ou presque. Si vous décidez de mentir sur votre CV, vous devrez alors en assumer les conséquences. Sachez que les mensonges sur vos compétences techniques et vos résultats précédemment obtenus à un poste similaire sont rédhibitoires pour un recruteur. En effet, il va très vite conclure qu’il  ne peut pas vous faire confiance si avant même de commencer un nouvel emploi, vous mentez sur votre parcours. Voilà comment anéantir vos chances de décrocher un job dans cette entreprise qui vous faisait tant rêver !

Mentir sur son CV et son niveau de langue pour décrocher un emploi

Si vous pouvez mentir sur la durée d’un contrat sans que cela n’impacte votre carrière (même si on vous recommande de ne pas tenter le diable !), ne bluffez pas sur votre niveau de langue étrangère, surtout s’il s’agit d’un critère indiquée dans l’offre d’emploi à laquelle vous postulez. Dès l’entretien, le recruteur va prévoir un test oral et/ou écrit afin de déterminer vos connaissances. Très vite, il va se rendre compte que vous avez menti sur votre CV. A cet instant, vous venez de perdre un poste intéressant !

Notre conseil : la meilleure façon de prouver votre niveau de langue est de passer le TOEIC ou le TOEFL et d’inscrire votre score sur votre CV. Grâce à ces certifications, vous gagnez des points auprès des recruteurs.

Faut-il mentir sur son CV ou assumer les périodes sans activité ?

Attention, nous allons vous révéler une information importante : le CV parfait n’existe pas. Voilà, il fallait qu’on vous le dise, qu’on partage cette affirmation avec vous. Désormais, vous êtes prêt à assumer que vous n’avez pas travaillé toute votre vie !
Encore aujourd’hui, rares sont les candidats à assumer une période d’inactivité dans leur carrière. Ont-ils peur que les recruteurs les jugent ? Pensent-ils que cela renvoie une image négative sur leur motivation, leur personnalité ? Plutôt que de mentir sur votre CV, mieux vaut être franc et expliquer pourquoi vous n’avez pas travaillé pendant plusieurs mois, voire plusieurs années.

N’oubliez pas que votre CV n’est pas un historique de votre carrière. Le recruteur souhaite comprendre votre parcours universitaire, vos expériences professionnelles et surtout découvrir vos compétences techniques et comportementales, aussi appelées “soft skills”. A vous de trouver les bons mots pour montrer que cette période sans emploi a été bénéfique pour votre épanouissement personnel et pour faire le point sur le métier que vous vouliez exercer. S’il fallait résumer, mentir sur son CV est une très mauvaise idée !

Pas de faux diplômes ou de fausses entreprises sur un CV

Voilà sans doute le plus gros mensonge qu’il faut éviter ! Si vou envisagez de mentir sur votre CV, oubliez très vite la possibilité de vous inventer un parcours universitaire. Par exemple, avoir fait deux années de médecine ne fait pas de vous un médecin… puisque vous n’avez pas obtenu le diplôme. On peut comprendre que la tentation est grande quand vous voyez une offre qui vous plaît mais que vous n’avez pas tout à fait le profil. Il suffit que vous maîtrisiez un logiciel comme Photoshop et en quelques minutes le tour est joué, votre diplôme est entre vos mains ! Après tout, le recruteur va-t-il réellement appeler la fac pour vérifier l’existence du diplôme ? Même si vous aimeriez que l’on vous rassure, nous devons être francs avec vous : un recruteur peut prendre le temps d’effectuer ce que l’on appelle un “contrôle de référence” en contactant vos écoles et vos anciens employeurs. Cela lui permet de vérifier si vous avez menti sur votre CV. Nous vous déconseillons donc vivement d’inventer des diplômes, des certifications et des entreprises au risque d’être démasqué et de ruiner vos chances de décrocher un emploi.

Mensonges sur CV : 47% des dirigeants d’entreprise ont déjà recalé un candidat

D’après une étude réalisée par Robert Half en 2017 auprès de 300 DG et managers, 47% d’entre eux avouent avoir déjà refusé de recevoir un candidat en entretien après avoir découvert des informations fausses ou exagérées dans son CV

Globalement, ces professionnels du recrutement observent une exagération des compétences techniques (39%) et des capacités à gérer des projets (12%). Quant au niveau de langue, 33% des candidats se surestiment selon les DG et managers, ce qui n’est pas une bonne idée. Enfin, seuls 17% des DG ont détecté qu’un candidat mentait sur sa rémunération précédente dans l’espoir de percevoir un salaire plus important sur son nouveau poste.

Les mensonges sur un CV ne sont pas les mêmes en province et en Ile-de-France

Les résultats de l’enquête Robert Half ont révélé des disparités entre les managers masculins et féminins. Les premiers ont davantage tendance à exclure un candidat qui a menti sur son CV (51%) plutôt que leurs confrères féminins (41%). On observe également que, face aux mensonges, les DG de la région Ile-de-France sont moins conciliants que leurs homologues de province (49% vs 28%). Enfin, en région parisienne, les candidats ont tendance à mentir sur leur formation, leurs diplômes, leurs qualifications (55% vs 33%) tandis que dans le reste de la France, les mensonges dans les CV concernent davantage l’expérience professionnelle (67% vs 55%).

Mentir sur son CV peut-il mener au licenciement ?

Légalement, le fait de mentir sur son CV peut avoir de lourds impacts sur une carrière. Par exemple, un candidat mal intentionné peut être condamné à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende pour l’usage d’un faux diplôme.

Concernant le licenciement pour faute professionnelle, cela dépend. Selon Erich Rocheblave, avocat spécialiste en droit du travail, “si la justice considère que ce mensonge a été déterminant dans l’embauche du salarié ou dans l’exécution du contrat de travail” alors l’employeur peut engager une procédure de licenciement.

A titre d’exemple, nous pouvons citer le cas d’un directeur régional des ventes. En octobre 2011, son employeur a exigé une mise à pied à titre conservatoire avant de le licencier pour faute grave un mois plus tard. La Cour d’appel avait alors jugé que le licenciement était fondé car le salarié avait menti sur “la réalisation de situation professionnelle antérieure à l’embauche, étant précisé que sa prétendue expérience passée au sein d’une entreprise concurrente avait été un élément déterminant lors du recrutement”. Si un contrôle de référence aurait pu empêcher cette embauche, le salarié a été reconnu coupable d’avoir menti intentionnellement sur son CV et d’avoir trompé son employeur.

A l’inverse, en 2009, une demande de licenciement d’un employeur a été rejetée par la Cour d’appel de Versailles car si le salarié avait bien menti sur les établissements scolaires qu’il avait fréquentés, cela ne justifiait pas la rupture du contrat de travail étant donné que ce mensonge n’avait pas d’impact sur la réalisation de ses missions.

Comment les recruteurs identifient les mensonges dans un CV ?

En janvier 2016, le gouvernement avait pris la décision de lutter contre les CV frauduleux. A cette époque, la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem avait alors annoncé la création d’un site web gratuit permettant aux employeurs d’authentifier les CV, ou dans d’autres termes, de démasquer les candidats menteurs.

En 2020, cet outil numérique semble introuvable… A-t-il été abandonné avant son lancement ou n’a t-il pas rencontré le succès espéré ? Ce qui est certain, c’est que les recruteurs disposent aujourd’hui de nombreux outils pour vérifier les informations inscrites sur un CV. Dans le domaine du recrutement, on appelle cette étape le “contrôle de référence”. Il peut être réalisé seulement si le candidat a donné son accord au préalable. En décrochant son téléphone, le recruteur contacte les anciens employeurs pour s’assurer de la véracité des propos inscrits sur votre CV. A cela s’ajoute un outil accessible en ligne : votre profil LinkedIn ! C’est une véritable mine d’or pour les professionnels du recrutement alors ne négligez pas sa mise à jour et son exactitude.

En conclusion, ne prenez pas le risque de mentir sur votre CV ! Les conséquences sont bien trop importantes pour votre carrière, restez honnête et votre employeur saura reconnaître cette qualité en vous.

Vous avez mis à jour votre CV en enlevant le superflu (et les mensonges !) ? Partez à la chasse aux offres d’emploi et démarrez une nouvelle aventure professionnelle qui vous ressemble !

*Etude du cabinet Robert Half (2017)